Je suis seule (…) Les tiges surgissent des abysses noirs. Les fleurs nagent comme des poissons de lumière dans les vertes eaux sombres. Je tiens une tige à la main. Je suis la tige. Mes racines descendent jusqu’aux tréfonds du monde, traversent la terre de brique sèche et la terre humide, traversent les veines de plomb et d’argent. Tout en moi est fibre. Toutes les secousses s’ébranlent, et le poids de la terre oppresse mes côtes.
Les Vagues, Virginia Woolf
Création 2019
On appelle vague les mouvements de la surface de l’eau, le plus souvent sous l’effet de la lune et du vent. Vague se dit d’une forme, d’un son indistinct qu’on identifie mal. Vague se dit d’une sensation, d’une impression, qu’on ressent sans pouvoir en déterminer avec certitude la nature, l’origine. Les vagues se déplacent, se propagent subitement. Les marées et les courants marins surgissent du mouvement des plaques souterraines. Quand tout autour est en mouvement, que devient-t-on? Qu’est-ce que d’être déplacée ? L’horizon se confond avec la terre, le ciel, l’océan. Vague, qui manque de précision, qui prête à diverses interprétations, laisse place au doute. Vague, se dit aussi d’un vêtement qui a de l’ampleur. Vague est un jeu de mots : ce sont les vagues de la mer et à la fois l’action d’errer et de vagabonder.
Vague, solo accompagné d’un musicien, est une performance qui parle de l’expérience de perte de repères, d’un corps en déplacement. Avec de l’eau comme élément médiateur entre mouvement, son et texte, ce travail cherche à déployer des récits autour du sentiment d’étrangéité, de l’errance et du vagabondage.
Qu’est-ce que d’être déplacé ? Qu’est-ce que cela propose au corps d’être nulle part et partout en même temps ?
Un état de mouvement perpétuel se déploie en conséquence. Ce qui, auparavant, était un repère devient liquide, insaisissable, comme les vagues d’un océan. Ce que nous reconnaissons comme part de notre identité, se dilue comme de l’eau ; quand il s’agit d’être déplacé, une violence explose.
L’étranger expérimente un voyage en permanence. Comme une plante qu’on transplante ailleurs, Le corps se fragilise, ultra-sensible, mais puissant dans sa résistance. Les repères disparaissent.
La pensée devient nebuleuse, rien n’est suffisamment certain. Où suis-je ? Qui? Difficile de répondre.
La création de Vague est le fruit d’investigations sur la performance, l’improvisation et la composition. L’écriture intuitive s’est posée comme principale méthode de recherche.
Influencée fortement par le travail de Composition en Temps Réel, les notions de durée et d’événement ont été les outils concrets pour aborder la création du projet.
La composition chorégraphique est traversée par les accidents produits par la relation avec les matières instables et aléatoires de l’eau et du tissu en mouvement. Ainsi, se déploie en présence du public, la performativité de cette relation et l’intensité de l’incontrôlable.
L’écriture s’appuie sur des sources variées et distinctes : Les vagues de Virginia Woolf, Les mains négatives de Marguerite Duras, Le marin de Fernando Pessoa et At land de Maya Deren.
La diversité de ces voix reflète l’état de présence de la danseuse, comme multiplicité du « moi » en un seul corps. Cette intention, travaillée par le prisme du mouvement, de la parole, de la relation au dispositif, rend compte d’une écriture à partir de l’intime.
Conception, chorégraphie et interprétation : Francisca Crisóstomo López
Création sonore et interprétation : Claudio Clavija
Scénographie : Adrien Fontanell
Lumières : Clara Pinguet
Accompagnement artistique : Lauren Lenoir
Collaboration: Eva Baudry
Conception costumes: Francisca Crisóstomo López
Confection costumes: Dorothée Henon
Teaser: Joaquín Rivera Riffo
Vidéo: David Redmon
Photos: Andrés Valenzuela, Caroline Dupruy et Pierre Gondard
Production: FCL et La Déviation
Soutien: Festival de Marseille (présentation étapes de travail, 2017 et 2018, France), Espacio Checoeslovaquia (accueil en studio, 2018, Chili), La Vitrina (accueil en studio, 2018, Chili), Dans les Parages (accueil en studio, 2018, France) et La Déviation (accueil en studio et production, 2017-2019, France).
Durée: 50 min
Diffusion:
15/07/2019 – Atelier RE.AL, Festival (Des)Ocupaçao (Lisbonne, Portugal)
10-12/05/2019 – La Déviation (Marseille, France) Première
02/07/2018 – Etape de travail, Théâtre Bernardines, Festival de Marseille (Marseille, France)
17/06/2018 – Etape de travail, Friche La Belle de Mai, Festival de Marseille (Marseille, France)
25/02/2017 – Etape de travail, Centre Auróra, Festival CURE (Budapest, Hongrie).